Source : LESECHOS.FR. Publié le 06/11/18.

La loi Pénicaud prévoit le passage du CPF d’heures en euros à compter du 1 er  janvier 2019. Les incertitudes liées à cette bascule et les campagnes marketing des organismes de formations ont provoqué un afflux de demandes de mobilisation de leur compte par les salariés.

Le boom des demandes de mobilisation par les salariés de leur compte personnel de formation (CPF) était manifeste au printemps . Il s’est transformé en ruée depuis cet été. En cause,  la bascule – programmée au 1er janvier 2019 – du CPF d’heures en euros et son lot d’incertitudes, voire de désinformation, qui va avec. Les organismes paritaires qui collectent les fonds de la formation (Opca) sont submergés et, pour certains, ont arrêté d’instruire les dossiers. « Les Opca nous font part d’une très forte demande », confirme Olivier Poncelet, le délégué général de la Fédération de la formation professionnelle.

Le risque d’un déficit « monumental »

C’est le cas chez Agefos PME, Opca dit « interprofessionnel », car il couvre une grande variété de branches professionnelles. « Nous avons engagé 130 % de la collecte », précise son directeur général, Joël Ruiz. L’Afdas, l’Opca des métiers de la culture, des médias, de la communication ou du loisir, a été contraint de mettre en veilleuse les demandes, faute de fonds suffisants. Les satisfaire toutes signifierait prendre le risque de reporter un déficit « monumental » en 2019 et de baisser le taux de prise en charge, explique son directeur général, Thierry Teboul.

« Avec une hausse de 30 à 40 %, passe encore. Mais je n’imaginais pas qu’on puisse avoir 100 % de demandes en plus. On n’aurait de toute façon pas les capacités humaines pour tout traiter », ajoute-t-il. Certains dossiers réussissent à passer encore, mais en nombre limité, quitte à ce qu’ils soient aiguillés vers d’autres dispositifs, type contrat de professionnalisation. Pour les autres – formations à l’anglais notamment – il faudra attendre 2019.

Campagnes marketing massives

Si les Opca sont à ce point submergés, c’est, explique Joël Ruiz, le fruit de campagnes marketing massives des organismes de formation. Certaines plus que limites, parce qu’elles insinuent que les Opca vont disparaître, quand ce n’est pas le CPF lui-même. Le ministère du Travail en a  mis en demeure une demi-douzaine pour avoir diffusé des informations « mensongères ».

 

Les mensonges de certains ne peuvent occulter une réalité :  la réforme Pénicaud change beaucoup de choses avec le CPF. Et qui dit changements, dit incertitudes. Ainsi en est-il du calendrier de la bascule d’heures en euros. Le gouvernement promet que chacun pourra acheter sa formation comme bon lui semble d’ici à l’automne prochain, le temps de mettre au point la super application mobile. D’ici là, les Opca ( devenus entre-temps Opco pour ne rien simplifier) continueront de jouer les intermédiaires pour instruire les demandes.

Spéculations

A ces incertitudes s’ajoutent des spéculations, dénoncées par les syndicats et sur lesquelles surfent les organismes de formation. Elles portent sur la perte de pouvoir d’achat du CPF lors de la bascule. En cause, le taux de conversion retenu, de 14,28 euros l’heure. Par la suite, le CPF sera crédité à raison de 500 euros par an pour tous les salariés sauf les moins qualifiés (800 euros) avec un plafond de 5.000 euros (8.000).

Ruée des salariés sur leur compte personnel de formation